UQTR - Une institution à la dérive

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La méthode est éculée : faire une annonce en plein mois de juillet pour tenter de passer le plus gros sapin possible. Ainsi donc, l’UQTR, son directeur du Département des sciences de la gestion et tout un quarteron d’administrateurs bien branchés sur la rhétorique de la mondialisation ont décidé de faire servir les fonds publics au dévoilement de la mission de l’institution qu’ils sont censés servir.

 

Il faut vraiment prendre les vessies pour des lanternes pour s’imaginer qu’un cours en anglais sur les bords du Saint-Maurice propulsera l’université dans le marché international de la formation. À l’heure où les cours en ligne pullulent en anglais dans l’Internet, on ne voit pas très bien en quoi une telle initiative pourrait être autre chose qu’une pâle copie de programmes américanisés. Rien ne vaudra jamais mieux que l’original. Les promoteurs de ce genre de stratagème de marketing ne comprennent même pas ce que leurs domaines devraient pourtant leur apprendre.

 

En anglais, l’UQTR ne sera jamais plus qu’un ersatz, elle n’attirera jamais personne d’autre que les naïfs ou les écartés qui ne peuvent ou ne savent faire la différence entre le réel et les simulacres. Si l’université n’est pas capable de s’assumer dans sa langue, si ses artisans ne comprennent pas que son rayonnement peut et doit se faire en français, si ses ressources ne servent qu’à produire des copies, on se demande bien en quoi il faudrait que les contribuables du Québec financent leurs simagrées.

Démission culturelle

Il a fallu des décennies de lutte et d’efforts pour que la région se donne une institution d’enseignement supérieur et il faudrait s’en servir pour saper l’existence française de la nation ? Il y a des limites au mépris de soi et à la démission culturelle. Que ceux-là qui considèrent le français comme une entrave à leur carrière aillent se faire voir à Saskatoon ou en Ohio. […] La science peut se faire en français, les connaissances peuvent se diffuser en français, nos institutions n’ont d’autres choix que de se développer en français. Quand on renonce à être soi-même pour se définir dans la singerie, l’on ne trompe que soi-même.

 

À l’heure où les ressources se font rares, il est aussi débile qu’affligeant de voir une université qui, pourtant, peut afficher de remarquables succès, se laisser aller à les gaspiller dans les imitations d’un programme qui ne sera jamais que de la pacotille. Le clientélisme et la recherche de nouvelles sources de financement ne peuvent tout justifier. Les Québécois ne sont pas fermés au monde parce qu’ils veulent vivre dans leur langue et leur culture. Ils consacrent des ressources considérables pour soutenir leurs institutions qui doivent servir à former d’abord les gens d’ici et contribuer au développement de notre société et non pas à la croissance du marché de l’éducation.

Robert Laplante via Le Devoir