En déclinant d’entériner un cours d’histoire véritable, le gouvernement libéral commet un acte de sabotage envers les générations futures.
Il fallait s’y attendre, le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx refuse d’implanter le nouveau cours d’histoire au secondaire, Histoire du Québec et du Canada, lequel était prévu en septembre prochain.
Après l’anglais intensif imposé, celui-ci financé à coup de millions de dollars par Ottawa, voici qu’on coupe dans l’histoire. Il y a là une énième démonstration de l’État contre nous-mêmes, mais également d’un désir non dissimulé de faire des Québécois des Canadians purs et simples.
Alors que la nouvelle mouture du cours au secondaire devait faire une plus grande place à la trame nationale et politique de l’histoire du Québec, les libéraux s’y refusent et n’ont que des pirouettes partisanes en guise d’arguments. On dira que le cours était «controversé», «qu’il ne respectait pas les minorités», alors que la décision n’est que partisane et politique. La vraie raison est d’une simplicité effarante: les libéraux gagnent à maintenir les Québécois dans l’oubli et l’ignorance, et ainsi à nuire à la compréhension des enjeux politiques et sociaux d’hier et d’aujourd’hui.
Les libéraux font ce qu’ils ont toujours fait, soit priver les prochaines générations de repères historiques et de pensée critique. On se demande bien pourquoi ils ne veulent pas qu’on parle un peu trop dans les cours d’histoire de la bataille des Plaines d’Abraham, du Traité de Paris, du rapatriement de la constitution en 1982 ou encore de l’échec du lac Meech en 1990, si ce n’est pour des raisons idéologiques et de censure historique.
«Pour paraphraser Linda Schele, si vous voulez dominer un peuple, il vous faut tuer son histoire, sa langue et son passé, bref ce qui lui donne son indépendance d’esprit»
Les libéraux ont peur, terriblement peur. Et si, en leur enseignant un peu trop l’histoire du Québec, les générations futures en venaient à prendre conscience de leur situation nationale? Louis Cornellier a bien saisi que c’est en tablant sur le déclin de l’histoire du Québec qu’on assèche la substantifique moelle d’un peuple: «…c’est en fait le concept même de nation québécoise qu’on est à sortir des écoles, au profit d’une histoire «citoyenne» qui confond valeurs universelles et valeurs québécoises et qui refuse de voir le cheminement historique du peuple québécois autrement que par une série de singularités.[...] À ne pas fréquenter l’histoire, un peuple se vide de sa substance.»
Par ailleurs, on remarque que cette navrante décision du gouvernement est accompagnée d’un profond manque de respect des médias canadian à l’endroit du Québec. Pensons simplement à la couverture de CTV News qui suinte le mépris et la mauvaise foi journalistique.
Et que dire du Quebec Community Groups Network, un organisme financé par Ottawa, défendant les «droits» de la minorité linguistique anglophone au Québec et qui ne cache pas sa joie de nuire à l’enseignement «national» de l’histoire au Québec. À coup de rhétorique victimaire, ce valet de notre anglicisation s’est empressé de rapidement crier au «remaniement de l’histoire», alors que c’est précisément son action qui contribue à la chose.
Ottawa et le PLQ ont bien compris que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire.
Aseptisation de l’Histoire, réduction de celle-ci à des lieux communs et à des dates, ces dernières vidées de leur essence et de leurs référents sociopolitiques, promotion de l’ignorance sourde, du désintérêt national et de la «canadianisation» de la jeunesse, voilà les véritables enjeux de la décision du gouvernement Couillard.
Pour paraphraser Linda Schele, si vous voulez dominer un peuple, il vous faut tuer son histoire, sa langue et son passé, bref ce qui lui donne son indépendance d’esprit.
Étienne Boudou-Laforce signe ce texte au nom de l’exécutif de Génération nationale
Via Le Huffington Post