Suite à la défaite électorale du Parti Québécois en avril dernier, de nombreux ténors fédéralistes se sont empressés d’assimiler le verdict électoral comme équivalent à un échec référendaire pour le camp du Oui. Plus récemment, la courte victoire du NON en Écosse a amené certains fédéralistes à relayer aux oubliettes les débats sur l’indépendance politique des peuples. Jugement trop simpliste de la défaite à mes yeux, je considère que ces exercices démocratiques dévoilent d’intéressantes perspectives d’avenir pour les indépendantistes québécois.
Le premier constat suppose démonstration hors pair aux fédéralistes québécois. À juste titre, la présente confirme que le nationalisme teinté par certaines aspirations indépendantistes ne semble pas une conception prisonnière du XXe siècle. À l’image du droit international public, la société internationale est évolutive. Cette dernière fascine les auteurs doctrinaires puisque rien ne permet de confirmer qu’elle se ressemblera d’une décennie à l’autre. Il en va de même pour les multiples mouvances indépendantistes. Tout bien considéré, les poussées indépendantistes en Écosse, en Catalogne, en Flandre, en provenance du gouvernement tibétain en exil, en Israël, à Hong-Kong ainsi qu’en Xinjiang au Nord-Ouest de la Chine dans laquelle les Ouïghours constituent l’ethnie majoritaire durement réprimés par les autorités communistes relèvent bel et bien de la réalité. Ainsi, par un décomplexé sentiment de repli sur nous-même, il faudrait se résoudre à accepter une «thèse dominante» selon laquelle le dessein nationaliste à l’échelle mondiale s’est éteint à l’aube du second millénaire. Comme en témoigne la précédente description, rien n’est plus faux. Néanmoins, éclipser sa responsabilité historique ne prédestine en rien les peuples à mettre un terme à leurs revendications légitimes, les plus exclusives soient-elles. Naturellement, un peuple minoritaire en éveil ne confiera guère son avenir aux mains d’une domination extérieure. En définitive, seul l’usage de manœuvres dolosives impliquant un tiers dont l’exposition est constante et interrompue saurait induire en erreur une communauté de manière à ce qu’elle revendique sa propre folklorisation tranquille. À ce stade-ci, le Québec correspond à ce cliché malgré lui. À vrai dire, il s’agit d’un retour à la réalité pour ces faux prophètes de l’information qui s’imaginent observer une cristallisation du nombre d’États aux Nations Unies. Clin d’œil à ces égos démesurés, ils ne sauront en dire autant dans un futur qui s’annonce.
Le second raisonnement émane de la respectabilité des règles fixées par les camps adverses. Dans le cadre du référendum écossais, Londres a tout de même su obtenir une part raisonnable de mon respect. Le Premier ministre britannique s’est exonéré d’une participation irritante contrairement au trébuchage constitutionnel canadien. À l’instar de son engagement à reconnaître la «règle du 50% + 1» en tant que majorité qualifiée, le Premier ministre Cameron avait prouvé sa bonne foi quant à l’obtention du nouvel État écossais. En soi, cela engendre un précédent considérable. Soyons clairs ! La manière indigne dont était intervenu le gouvernement canadien à l’occasion du référendum de 1995 laissait présager que la fin justifiait les moyens au prix de graves transgressions sur le plan éthique. Le cafouillage politique fédéral avait dégénéré au point de se parachever en une disgracieuse Loi sur la Clarté référendaire. En outre, le «fair play référendaire» apparaît essentiel, mais il s’extrapole sur un second débat. Le référendum s’impose-t-il comme unique recours démonstratif à l’autodétermination des peuples ? Après tout, l’annexion des «deux Canada» reste le fruit d’un administrateur colonial matérialisé par simple vote du Parlement sans aucune consultation populaire. Pourtant, le résultat gagnant issu d’un référendum sur l’indépendance est révélateur et accroît la légitimité du nouvel État sur la scène internationale sans compter, par ailleurs, les multiples déclarations unilatérales d’indépendance par laquelle est façonnée la société internationale. Or, en l’absence de lois constitutives internationales ou de coutumes à l’affranchissement, le débat demeure vraisemblablement grand ouvert.
Somme toute, il existe mille et une raisons pouvant expliquer la banqueroute de la famille souverainiste québécoise. Du moins, un baby-boom de nouveaux États hérité de la Seconde Guerre mondiale ne soustrait point l’affluence nationaliste contemporaine avec laquelle persiste l’indépendance politique sur la scène internationale. Pour ma part, j’estime que nous gagnerions tous à s’investir pour une cause si noble. Enfin, comme le soulignait Alex Salmond «La campagne pour l’indépendance continue et le rêve ne mourra jamais.»
Charles Olivier, Président du Forum jeunesse du Bloc Québécois de la Mauricie et responsable de la région de la Mauricie pour Génération Nationale