Si M. Couillard se permet de traiter de « radicaux » certains de ces rivaux, c’est d’abord parce qu’il est lui-même un « radical », dans la mesure où il épouse un provincialisme décomplexé et semble vouloir s’affranchir de la tradition nationaliste du Parti libéral du Québec.
On se souviendra que, l’année dernière, en septembre, Philippe Couillard a profité du passage de Stephen Harper à Québec pour réaffirmer sa volonté de signer la Constitution canadienne. Il a affirmé croire « fermement au progrès du Québec au sein d’un Canada uni, dans une fédération et pas dans un État unitaire ». Geste politique peu banal s’il en est.
Il l’a d’ailleurs martelé à plusieurs reprises par le passé : sa place dans l’histoire sera celle de l’homme qui signera la Constitution canadienne et qui, ce faisant, mettra fin au débat national.
Cette volonté de soumission catégorique à l’ordre imposé par l’amendement constitutionnel de 1982 le positionne comme un tenant du « Canada d’abord et du Québec ensuite », ce qui confirme une fois pour toutes que l’idéologie derrière l’idée des deux peuples fondateurs n’est qu’illusion.
L’objectif est désormais clair : procéder à la « provincialisation » toujours plus soutenue du Québec, menant ainsi à un amenuisement inéluctable de ses pouvoirs. On l’observe présentement avec toutes les mesures d’austérité, le gouvernement Couillard pousse vers le démantèlement progressif du système québécois et des acquis de la Révolution tranquille.
M. Couillard épouse en effet un provincialisme pur et dur qui met à mal toute « tentation de se distinguer » collectivement, et qui rappelle que la parenthèse d’affirmation nationale qui avait été ouverte par les libéraux du Québec dans les années précédant la Révolution tranquille est désormais chose du passé. Il n’en a maintenant que pour la consécration tranquille de notre insignifiance pancanadienne, mais aussi de notre impuissance provinciale.
Il advient que M. Couillard, en duo avec Justin Trudeau, incarne le retour à la posture des Alexandre Taschereau et Adélard Godbout, en campant résolument le Parti libéral comme une succursale provinciale des libéraux fédéraux. Par ailleurs, il est étonnant qu’il reproche au PQ de ne pas être clair sur ses intentions référendaires, alors que lui-même ne l’est pas plus dans les moyens qu’il compte utiliser pour faire entrer le Québec dans la Constitution.
En terminant, ne serions-nous, selon le PLQ, que des vaincus avec comme unique destin d’être assujettis à une Constitution canadienne niant notre existence ou serions-nous plutôt, comme nous le croyons profondément, une nation qui mérite d’avoir un pays qui lui est propre ?
*L’exécutif élargi de Génération nationale: Simon-Pierre Savard-Tremblay, Odette Lavigne, Florence Beaudet, Sébastien Bilodeau, Étienne Boudou-Laforce, Julie Durand, Pierre Norris, Charles Olivier, Raphael Ouellet, Hadrien Paquette et Mathieu Pelletier
Via Le Devoir