« Qui a peur de Leila ? » C’est le titre d’une chronique de Marie-Claude Lortie, parue dernièrement dans La Presse. Cette chronique nous rapportait qu’une féministe musulmane avait été exclue, par ses propres pairs, des tables de discussion à la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Pour quelle raison ? D’origine algérienne, Leila Lesbet avait été remarquée en raison de ses prises de position défavorables à la permission du port du voile. La FFQ, pour sa part, s’était positionnée, en 2009, en faveur d’une laïcité dite ouverte afin de permettre aux femmes musulmanes d’afficher leur appartenance religieuse, tout en occupant leurs fonctions dans les institutions publiques. Cela ne serait-il pas un non-sens ? <!-more->
Infiltration islamiste ?
Progressivement, le mouvement féministe québécois, représenté par la FFQ, est infiltré par des groupuscules islamistes. De sorte que des mouvements supposés défendre des valeurs émancipatrices de l’Occident, comme la FFQ, sont actuellement sujets à l’intégration d’idées obscurantistes en totale contradiction avec ce qu’ils sont supposés défendre. Il y a environ quatre ans de cela, des « féministes » du nom de Samira Laouni et de Leila Bdeir faisaient « du recrutement » dans des milieux islamistes afin de faire pencher le vote en leur faveur en ce qui concerne la prise de position de la FFQ sur le port du voile. Des échanges, entre les deux membres de l’organisation, ont été observés sur le site islamiste Mejliss.com, échanges qui se sont avérés révélateurs d’une orchestration bien planifiée. D’ailleurs, cette stratégie, qui rappelle la notion arabe de taqiyya (évoquant la tromperie et la dissimulation), a été mise en exergue dans l’excellent livre de Djemila Benhabib, Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident.
Rappelons que Samira Laouni était l’une des femmes qui appartenait, en 2007, au groupe d’Hérouxville, destiné à sensibiliser la population locale à la religion musulmane, en prétextant le désir de combattre les préjugés entretenus à l’endroit de celle-ci. Mme Laouni était alors accompagnée de Mouna Diab, une femme arrêtée par la suite (mai 2011) à l’aéroport Dorval pour avoir tenté d’exporter vers le Liban des pièces de fusils d’assaut de type AR-15, et ce en violation de l’embargo des Nations Unies. L’été dernier, cette femme a été formellement inculpée pour terrorisme et accusée d’entretenir des liens étroits avec le Hezbollah, organisation politique chiite dotée d’une branche armée dont le logo est agrémenté d’un verset du coran et d’un AK-47. Certains essaieront inévitablement, voire naïvement, de nous faire croire à la coïncidence, au hasard.
Leila Bdeir, porte-parole de Présence musulmane et Samira Laouni, ex-candidate du NPD dans Bourassa et ancienne agente du Congrès islamique canadien, gangrènent ainsi idéologiquement la FFQ. En effet, Présence musulmane est un lobby international islamiste inspiré des idées d’Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans (1928) et condisciple du mufti de Jérusalem de l’époque, Mohammed Amin al-Husseini. Ce dernier est d’ailleurs reconnu pour avoir collaboré de manière étroite avec le régime hitlérien durant la Seconde Guerre mondiale, ayant même tenu une émission de radio antisémite depuis Berlin qui était diffusée dans la plupart des pays arabes. Quant au Congrès islamique canadien, il ne constitue rien de moins qu’un autre lobby intégriste ayant notamment pris parti en faveur de l’instauration de tribunaux islamiques en Ontario.
Le message politique du voile
Est-il réellement nécessaire de soulever le fait qu’un supposé féminisme, cautionnant le port du voile, est ambivalent, voire contradictoire ? Jusqu’où iront les apôtres du relativisme pour nous faire croire que l’émancipation féminine rime avec port du voile ? La symbolique est puissante dans une société : elle nous transmet des messages qu’il convient de décoder minutieusement. Le voile, le hijab et la burqa ne représentent pas seulement la domination de l’homme sur la femme, ils constituent également la manifestation ultime de la conquête symbolique de l’espace public par la religion. Le voile représente la percée idéologique d’une poignée d’oulémas sur le dâr al-harb c’est-à-dire, sur un territoire à conquérir.
Dernièrement, la Cour suprême du Canada est allée jusqu’à rendre un jugement autorisant dans certaines circonstances le port de la burqa au sein du tribunal. Ne nous y méprenons pas : le foulard n’est pas seulement un outil destiné à censurer la supposée dimension perverse d’un corps féminin qui serait dangereux pour l’ordre social. L’imposition du foulard illustre la perpétuation, voire la victoire d’une théologie face aux lois laïques d’un pays. Symbole par excellence du communautarisme, le voile islamique outrepasse le champ culturel pour s’immiscer dans le champ politique. « Prévenir au lieu de guérir » : voilà un adage populaire qui traduit bien l’idée de se doter d’une Charte québécoise de la laïcité.
Par ailleurs, l’accroissement de la sphère d’influence des islamistes est facilité par la complaisance, par la naïveté chronique, d’une bonne partie de la gauche. Aurait-elle dès lors perdu sa raison d’être ? Sous couvert d’une dénonciation généralisée de l’impérialisme occidental, cette frange de la gauche perçoit même en certains mouvements tels que le Hamas et le Hezbollah, organisations ouvertement antisémites, une force « progressiste » capable de rejoindre les masses opprimées. Inutile de rappeler que l’idéal occidental est systématiquement condamné par la gauche radicale, ce qui constitue son principal point de convergence avec les islamistes.
La mise à l’écart de Mme Leila Lesbet par la FFQ est excessive et aberrante. Symptomatique de l’éclosion, sur le sol québécois comme européen, de cellules politiques « islamo-gauchistes », le geste de la FFQ devrait susciter une prise de conscience importante. À l’heure où le concept d’islamophobie est constamment utilisé pour délégitimer les ambitions des partisans de la préservation identitaire, il serait peut-être temps d’utiliser celui d’occidentalophobie pour faire face à ceux qui brandissent, de manière outrancière, le spectre de l’intolérance.
Jérôme Blanchet-Gravel
Blogueur et étudiant en science politique à l’Université Laval
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