Aujourd’hui, en 2014, il n’est plus possible de faire du développement économique des ressources naturelles sur le modèle des années 1990. Les citoyens ont maintenant accès à une information et à une expertise diversifiées en un clic de souris.
Ils peuvent échanger avec des experts à travers le monde via internet et les réseaux sociaux. Bref, les citoyens sont informés et préoccupés par ce qui se passe près de chez eux, tant pour l’environnement que pour leur qualité de vie. Il est donc essentiel d’intégrer cette nouvelle donnée en amont et de prévoir, dès le début d’un projet, un dialogue avec les communautés.
Il est clair, pour moi, que le gouvernement doit jouer un rôle essentiel dans le développement économique, un rôle qui passe, non seulement par son action législative et règlementaire, mais aussi et surtout par l’entremise des fonds qu’il octroie directement ou indirectement à tel ou tel projet.
Le gouvernement peut ainsi favoriser le développement de l’emploi, structurer les secteurs de l’économie du Québec qui ont de l’avenir.
Des mines au secteur manufacturier
Le Parti Québécois a réussi à faire adopter une nouvelle loi sur les mines qui modernisait l’ancienne loi. Quatre éléments importants y ont été ajoutés :
- Premièrement, une meilleure protection de l’environnement avec une consultation publique menée par le BAPE pour tous les projets miniers de 2 000 tonnes et plus par jour et pour tous les projets de terres rares. Pour les projets de moins de 2 000 tonnes, l’entreprise doit procéder elle-même à une consultation publique.
- Deuxièmement, un meilleur dialogue avec les communautés, en permettant aux municipalités et MRC de désigner des zones incompatibles avec le développement minier dans leur schéma d’aménagement.
- Troisièmement, une plus grande transparence par la publication annuelle des quantités extraites ainsi que des redevances versées pour chacune des mines du Québec.
- Quatrièmement, des outils pour favoriser la transformation. Pour chaque mine, une étude d’opportunité économique de marché pour la transformation doit être produite par la minière avant l’émission du bail. De plus, un nouveau pouvoir discrétionnaire accordé au ministre permet d’exiger de la transformation lorsque celle-ci est jugée intéressante pour le développement économique du Québec.
La transformation crée de 3 à 4 fois plus d’emplois que la simple extraction minière. Plus de transformation au Québec dans les secteurs stratégiques pourrait permettre de créer un pont entre le secteur minier et le secteur manufacturier, ce qui permettrait de consolider nos secteurs manufacturiers en leur procurant un avantage compétitif d’accès à la matière première.
L’électrification des transports
Le transport représente la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec, soit plus de 40% du total des émissions. L’électrification des transports nous permettra de diminuer de façon importante nos émissions de GES en remplaçant le pétrole par l’électricité verte du Québec.
En effet, notre électricité provient à 98% de sources renouvelables, principalement hydrauliques. L’électrification des transports permettra également une diminution de la pollution atmosphérique, plus particulièrement du smog urbain.
C’est pourquoi le Parti Québécois a lancé, à l’automne 2013, la Stratégie d’électrification des transports. C’est un projet de développement économique créateur d’emplois à haute valeur ajoutée, qui non seulement permet de répondre au marché québécois, mais qui est également susceptible de générer des produits pour l’exportation.
C’est un projet vert, puisque qu’il nous permettra de diminuer de façon importante notre consommation de pétrole et nos émissions atmosphériques. Voilà un projet qui allie développement économique et préoccupation environnementale. C’est possible et c’est payant!
Nous possédons au Québec une expertise exceptionnelle en électrification des transports. L’Institut de recherche d’Hydro-Québec à Varennes est détenteur de nombreux brevets, grâce à des chercheurs de renommée internationale, en particulier dans le domaine des matériaux.
Depuis quelques années déjà, s’est développée une industrie émergente de composantes électriques. L’entreprise TM4 fabrique à Boucherville un des meilleurs moteurs électriques au monde, sinon le meilleur, conçu ici au Québec.
Bathium, localisée aussi à Boucherville, produit des batteries qui sont vendues pour le BlueCar, auto en libre-service à Paris. Phostec Lithium, maintenant Clariant, fabrique à Candiac le matériau nécessaire aux batteries. À Québec, AddÉnergie et Gentec gèrent et fabriquent des bornes de recharge.
Nous possédons également une expertise déjà démontrée dans la fabrication de véhicules de transport. Bombardier Transport à St-Bruno et à La Pocatière produit des wagons et des systèmes de transport collectifs vendus à travers le monde. Bombardier Transport a également développé un système de recharge par induction pour autobus.
Novabus fabrique à St-Eustache des autobus municipaux. Autobus Lion de St-Jérôme construit des autobus scolaires et développe actuellement un prototype d’autobus scolaire électrique. Lito, une entreprise de fabrication de motos électriques, vient de voir le jour à Longueuil. BPR, à Valcourt, fabrique et vend des véhicules récréatifs électriques.
Avec le Centre national de Transport avancé de St-Jérôme, nous avons au Québec un groupe d’experts en industrialisation pour l’électrification des transports. Il s’agit d’une équipe principalement formée d’ingénieurs qui sont à l’affut de tout ce qui se passe dans le monde dans ce secteur et qui savent concrétiser les bonnes idées avec des partenaires d’ici. Nous avons donc le génie, l’industrialisation, la fabrication – et même du minerai!
Le Québec se démarque donc clairement du reste du Canada et peut devenir un leader mondial dans ce secteur en plein développement relié aux changements climatiques.
Pour faire la promotion de notre expertise, de nos valeurs environnementales, le Québec ne peut être mieux servi que par lui-même. Actuellement, c’est le Canada qui parle au nom du Québec dans les forums comme Kyoto, et là où se négocient les accords de commerce internationaux.
Avec la mondialisation, il devient essentiel que le Québec puisse parler en son nom propre sur la scène internationale. Le Québec doit se donner le statut de pays pour assurer son avenir.
Non à la privatisation d’Hydro-Québec
Hydro-Québec est l’un des principaux moteurs de développement économique du Québec et de ses régions. À partir de la production d’une électricité à prix compétitif, disponible et avec une excellente continuité de services, nous avons pu attirer ici des entreprises de différents secteurs industriels, des entreprises qui créent des dizaines de milliers d’emplois dans les différentes régions.
Hydro-Québec vient d’annoncer des profits de près de 3 milliard de $ pour 2013 et le versement d’un dividende de 2,2 milliards $ à son principal actionnaire, nous les Québécois. Avec les différentes taxes et redevances, c’est près de 3 milliards $ qu’Hydro-Québec versera au gouvernement. C’est une source de revenu qui nous appartient.
En vertu de quelle logique nous priverions-nous d’une partie de ces revenus? Pour une entrée de fonds à court terme? Comment accepter une proposition à si courte vue? C’est comme si on essayait de nous convaincre, nous les propriétaires d’Hydro-Québec, qu’il vaudrait mieux pour notre bien que nous soyons un peu moins propriétaires et un peu plus locataires! Ça n’a pas de bon sens!
En vertu de quelle logique faudrait-il accepter de céder une partie du contrôle d’Hydro-Québec à des actionnaires privés, attirés seulement par le rendement à court terme, peu importe l’impact sur le développement économique du Québec?
Une telle démarche pourrait compromettre toute la stratégie d’électrification des transports, car Hydro-Québec doit y jouer un rôle essentiel, particulièrement en recherche et développement, et dans le déploiement des installations d’alimentation des véhicules de transport.
En vertu de quelle logique pourrait-on justifier de ne plus être maîtres chez nous? Jamais nous ne devrions accepter de dilapider une partie de l’héritage que nous a légué René Lévesque en nationalisant l’électricité au début des années 1960.
Martine Ouellet
Via L’aut’Journal