Trump et Legault

Avec une fraction seulement de l’audace d’un Donald Trump qui vient de réaliser l’inimaginable, François Legault pourrait accomplir de gran­des choses avec sa doctrine autonomiste… à condition d’oser utiliser la clause dérogatoire.

Puisque la CAQ est en congrès aujourd’hui, ma chronique s’adresse à ses militants et à leur chef.

Avez-vous lu le livre L’État-succursale de Simon-Pierre Savard-Tremblay, un jeune intellectuel fort intéressant qui blogue pour ce journal?

C’est un ouvrage sérieux. Pas une lecture de bord de piscine. Ça diagnostique notre impuissance collective dans un monde où la politique se fait dominer, de plus en plus totalement, par le juridique et l’économique.

Le juge et le financier, voilà nos diri­geants; nos ministres et députés sont autant de «représentants du service à la clientèle» qui font semblant de faire de la politique, mais qui, en réalité, administrent nos affaires à la petite semaine.

La CAQ doit tenir tête à ces deux forces ou devenir une copie plus ou moins conforme de ses adversaires.

Machine à diaboliser

Legault veut raviver le nationalisme autonomiste de sa formation. D’accord, mais Jean Lesage, avec son statut particulier, a été rabroué par Ottawa. Idem avec Daniel Johnson père, René Lévesque avec le beau risque ou Robert Bourassa avec Meech; rabroués, rejetés, méprisés, voire détestés par le Canada anglais.

Voilà exactement le dénigrement auquel aura droit Legault, et tous ses militants avec lui, s’il se montre ferme avec l’immigration, l’intégration, l’école, etc.

L’exemple Trump

Ça ne prend pas la tête à Papineau ou le culot de Trump pour comprendre que, pour empêcher l’interféren­ce du Canada de 1982 dont le Québec n’a pas signé la Constitution, il lui faut recourir à la clause dérogatoire. Encore et encore. Même si ça excite la machine à diaboliser.

C’est ça ou la souveraineté… ou rien du tout. La troisième voie autonomiste proposée par Legault ne sera praticable que s’il a l’audace de recourir à la clause dérogatoire même si ça impliquera de se faire comparer à Trump, certainement, puisque c’est la nouvelle insulte à la mode.

 

Gilles Proulx

Via Le Journal de Montréal